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Lors de la dernière glaciation, le glacier du Rhône qui atteignait parfois une épaisseur de 2000 mètres recouvrait une partie importante du sud-ouest de la Suisse. Quand il s’est retiré, voici à peu près 15.000 ans, il laissa derrière lui de grandes moraines latérales. Des blocs de granite s’éboulèrent depuis le massif du Mont Blanc avant d’être transportés au rythme des déplacements du glacier sur une cinquantaine de km, jusque dans le Chablais valaisan. Le plus imposant d’entre eux, La Pierre des Marmettes, s’est arrêté à Monthey.
A l’origine, ces blocs granitiques étaient beaucoup plus nombreux. Idéaux pour la construction, ils offraient une roche de bonne qualité disponible quasi sur place, ce qui évitait un transport difficile et coûteux depuis une zone de montagne. Habiles dans l’art de la travailler, les carriers italiens taillèrent, d’une pièce, dans ce matériau, un véritable chef-d’œuvre à savoir les 2 colonnes du péristyle de l’église de Monthey. Afin d’éviter la destruction massive de ce patrimoine géologique par une exploitation intensive, la Pierre fut acquise par la Société Suisse des Sciences naturelles et la commune de Monthey. Réalisé en collaboration avec le bureau d’études hydrologiques et géologiques François-Xavier Marquis à Monthey, le Sentier des blocs erratiques fut inauguré en 2013. Il regroupe huit panneaux qui donnent diverses précisions sur leur origine, leurs dimensions et les mesures de protection envisagées pour les conserver.
Sur le parking de l’hôpital de Monthey, se dresse la fameuse Pierre des Marmettes, reconnaissable grâce à la maisonnette qui la surplombe. On a d’abord pensé que son nom pourrait provenir des marmottes qui y gîtaient autrefois. Plus logiquement, cette appellation ferait allusion à un de ses propriétaires, un certain Mermet qui l’acquit au 18e siècle, ou à de petites vieilles femmes qui occupèrent aussi l’endroit. Marmottant entre les dents qui leur restaient, le sobriquet de « marmettes » aurait été gardé. Par des chemins pédestres, on atteint la Pierre à Dzo, étrange mégalithe formé de deux blocs superposés défiant les lois de la gravité. Sa position « à dzo » signifie, en patois, perché en équilibre instable. Le plus gros dut être stabilisé afin d’éviter sa chute.
Très souvent, les blocs erratiques portent le nom de leurs précédents propriétaires. Tel est le cas de la Pierre à Mourguet. Devenue, au fil du temps, la Pierre à Muguet, elle trône près de la carrière de Malévoz au lieu-dit Les Rocheys. Le sentier traverse ensuite une forêt à la végétation parsemée de milliers de blocs erratiques de tailles différentes utilisés pour la construction de murs. Le Bloc Studer termine un parcours riche en explications : déplacement des blocs, formation du granite, impact de leur acidité sur un sol propice aux châtaigniers et aux bouleaux, définition d’un xénolithe (fragment de roche arraché lors de la montée du magma mais qui n’a pas fondu), exploitation des roches dures par les tailleurs italiens lors de l’épopée industrielle. Ce dernier bloc porte le nom du géologue suisse qui a sensibilisé la population à leur conservation.
La Pierre des Marmettes, la Pierre du Muguet, la Pierre à Dzo et le Bloc Studer comptent parmi les curiosités les plus remarquables que l’on puisse trouver dans les Alpes.