C’est avec l’avènement du tourisme dans les Alpes, à la fin du 18ème siècle, et la conquête des glacières de Savoye que l’itinéraire prend toute son importance. Si aucune mention ne permet d’affirmer une utilisation régulière de l’itinéraire avant cette période, il apparaît dès lors dans de très nombreux récits de voyage.
Outre la description du parcours, les récits marquant l’épopée du tourisme alpin s’attardent sur la meilleure façon de poursuivre le trajet après le passage de la Forclaz; entre le col de Balme et la Tête-Noire, le choix est difficile. Lors de leur parcours, les voyageurs font souvent une halte au village de Trient, plus particulièrement au hameau du Peuty. Eloignée du hameau principal (Le Gilliod), une auberge accueillait les visiteurs au début du 19ème siècle déjà. Dumas, en 1832, la décrit comme "une petite baraque oubliée du village au bord du chemin et pompeusement décorée du nom d’auberge". Quand Napoléon, qui bouleversa les frontières européennes par ses victoires, entreprend en 1797 des discussions avec le Valais, alors sous domination française, pour l'ouverture de la route du Simplon, il ne pense pas qu'il est l'instigateur d'une ère nouvelle dédiée aux voies de communication.
Depuis les années 1700, l'itinéraire évolue progressivement du sentier muletier à la route internationale (1957) que nous connaissons aujourd'hui.
Un projet de chemin de fer y a même été envisagé vers 1890, préférant finalement l'itinéraire par la basse vallée du Trient et les villages de Salvan et Finhaut et dont la construction a duré de 1902 à 1906 pour la ligne sur territoire suisse. Dans cette porte grande ouverte sur la France, que devient graduellement l'axe de la Forclaz au fil de ses aménagements et améliorations, réside également un point faible grandissant dans la protection naturelle offerte à la Suisse par la chaîne des Alpes. Dans une approche plus large de la question, c’est en 1933 que nos politiques prennent conscience, au niveau national, du risque qui nous menace, notamment au nord du pays. A cette époque, l'un après l'autre, les pays voisins de la Suisse passent sous la domination allemande. A partir de 1944 les douaniers suisses n'avaient plus que des Allemands en face d'eux.