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Mais savez-vous d'où vient cette tradition du sapin décoré ? Contrairement à une idée répandue, le sapin de Noël n'a rien à voir avec le Père Noël ni avec saint Nicolas, encore moins avec le petit Jésus. Et il n'a pas été inventé au XIXe siècle par Jules Verne, ni au XXIe par Donald (Duck ou Trump selon vos préférences en matière de cartoon).
En allumant votre sapin de Noël aujourd'hui, sans le savoir, vous allez en fait célébrer l'un des plus vieux rites païen de l'Europe nordique, de cette vieille Europe celtique et germanique qui constitue nos racines! Un rite dont les origines oubliées remontent aux lointaines ténèbres de la préhistoire, lorsque les pères de familles pileux se rasaient encore avec un galet de rivière et quand les femmes accouchaient encore en plaçant un gros bloc erratique sur leur ventre pour mieux expulser rapidement le divin enfant! Un rite ancestral et atavique qui remonte à nos racines les plus profondes et à nos vieux gênes indoeuropéen de peuples du nord, là où, au solstice d'hiver, les jours sont courts et où le soleil ne fait qu'une brêve apparition... ou carrément pas d'apparition du tout... Ce rite païen du sapin décoré est celui qui était pratiqué par les Vikings il y a 1000 ans, ce même rite qui était déjà célébré il y a plus de 2000 ans par les Gaulois et les Germains. Ceux-ci tenaient eux-mêmes cette pratique des vieux Celtes, ces Celtes qui vénéraient tant la nature, les sources, les lacs sacrés et les arbres des immenses forêts qui couvraient encore notre bon vieux continent! Ces mêmes Celtes qui s'installèrent il y a 2500 ans en Valais pour constituer les 4 peuples valaisans des Nantuates (Chablais), des Véragres (Martigny et Entremont), des Sédunes (Valais Central) et des Ubères (Haut-Valais) dont nous descendons.
Entre 2000 et 1200 avant J.-C., les peuples nordiques de l'Âge du Bronze, ancêtres directs des Celtes, célébraient déjà un arbre de vie, l'épicéa, arbre sacré puisqu'il demeure toujours vert sous la neige et le froid, même quand il gèle à pierre fendre à vous faire tomber la guillette! Arbre de vitalité, mais surtout arbre de renaissance, arbre de l'enfantement de la lumière le jour du 24 décembre, puisqu'on considérait ce jour comme celui de la renaissance du soleil, de la victoire de la lumière et de la vie sur les ténèbres glacées et stériles. Les Celtes et leurs ancêtres de l'âge du Bronze avaient adopté un calendrier basé sur les cycles lunaires et saisonniers, marqués par l'alternance d'une saison chaude, lumineuse et vivante et d'une saison froide, sombre et stérile. A chaque mois lunaire, les Celtes associaient un arbre. L'épicéa, qui reste vert tout l'hiver, était celui de décembre, lorsque les nuits sont interminables et que l'on vit recroquevillé au coin du feu pour échapper aux ténèbres qui se glissent sous la porte, avec tout leur cortège de cauchemars et de phobies.
L'épicéa était, par excellence, l'arbre de vie, celui qui marquait la fin de la diminution des jours et le retour progressif de la lumière et du soleil, gages de chaleur, de récoltes et de prospérité, gage de survie! Car les peuples nordiques, Celtes, Germains, Pictes ou Vikings, plongés dans les ténèbres au coeur des frimas de l'hiver, avaient une angoisse terrible: celle que le soleil faiblisse et disparaisse à jamais, qu'il se couche un soir là bas à l'ouest, où il sombre dans l'océan, et qu'il ne réapparaisse pas le lendemain pour réchauffer et illuminer les hommes. Et si le soleil ne revenait pas ? Voilà la hantise des vieux peuples nordiques, des grands guerriers à la barbe ondulante et aux moustaches constellées de bière et de cervoise! Que le soleil ne se lève plus jamais, plongeant les guerriers du nord dans un hiver glacial sans fin qui verrait l'arrivée des Géants des Glaces sortis de Niflheim, le pays des brumes, et du loup Fenrir qui dévorerait la lune et les étoiles, plongeant l’humanité dans les ténèbres du chaos.
C'est la raison pour laquelle, nos ancêtres Celtes et Germains sacrifiaient à ce vieux rite ancestral au moment du solstice d'hiver, pour conjurer les forces maléfiques et les démons des ténèbres : celui de décorer l'épicéa, l'arbre de la lumière et de l'enfantement de la vie, avec de belles pommes rouges, avec les petites baies rouges du sorbier et du rosier sauvage (cynorodhon), et aussi avec du blé doré comme les rayons du soleil! Et dans les huttes couvertes de chaumes, dans la tourmente des bourrasques de blizzard, au milieu de la brume qui cache l'ombre mouvante des démons de glace, sous la neige épaisse qui fige le paysage, on accrochait aux murs de bois et aux portes des étables des branches de gui et de houx, avec leurs petite baies rouges et blanches. Le but recherché était de conjurer les forces maléfiques, de protéger la maisonnée et le bétail contre les démons des ténèbres qui s'insinuent dans le monde des humains lors de la fête de Samhain (1er novembre), de se prémunir contre les monstres de la nuit qui hantent la brume et profitent de l'obscurité pour s'approcher des demeures des guerriers du nord.
2000 ans plus tard, les pommes ont été remplacées par des boules en verre, les pives par de faux cônes de pin, et le feu rassurant que l’on allumait pour se protéger dans la lumière s’est transformé en milles bougies et guirlandes étincelantes qui font briller les yeux des enfants et qui font la magie de Noël... Bonnes et joyeuses fêtes à tous!