Le gros orage survenu dans le Chablais a entraîné des inondations à Saint-Maurice, Lavey, Ollon et jusqu'à Aigle. Voici un extrait du récit des inondations qui ont touché Saint-Maurice, tiré du Nouvelliste valaisan du 19 juillet 1910, en page 3.
Désastres à St-Maurice : Gros orage - Eboulements et Inondations
« Dimanche soir vers six heures le 17 juillet 1910, après une journée des plus chaudes, une journée de feu, un orage venant de la Dent du Midi, s'est abattu sur Saint-Maurice, se dirigeant du Côté de Bex et probablement vers l'Oberland bernois. Eclaires et tonnerres faisant un bruit formidable éclataient de minutes en minutes. Une pluie serrée, grosse et précipitée tomba sans interruption jusqu'à minuit. Et en parlant de pluie, employons-nous encore un terme impropre, atténué. On eut dit que l'on versait de l'eau par cuves.
Vers les neuf heures, l'alarme est donnée pour courir au torrent du Mauvoisin ou Malvoisin. C'est en effet un bien mauvais voisin. Le lit du torrent, obstrué de cailloux énormes et de troncs d'arbres, menaçait de faire sauter les ponts. On travailla toute la nuit pour sauvegarder la voie du chemin de fer et la route nationale. Les forts avaient envoyé des soldats à l'aide de notre courageuse population, toujours fraternelle et charitable. En ville l'électricité manquait et on était plongé dans l'obscurité. L'eau arrivant du Mauvoisin par la voie ferrée et par les canaux qui regorgeaient le trop-plein, avait transformé notre grande rue en rivière et envahissait les corridors et les caves des maisons. Chacun barricadait les soupiraux et toutes les ouvertures de son mieux.
Vers quatre heure du matin, nouvelle grosse alarme. L'orphelinat courrait un grand danger. Il risquait de s'écrouler. Et, de fait, le torrent du Mauvoisin, à quelques mètres au-delà des Cases, en avant dans la gorge, avait quitté son lit et, roulant ses eaux furieuses, chargées de boue, d'arbres et de pierres, dévalait à travers les vignes et s'abattait sur le vieil orphelinat, sur le nouveau bâtiment et sur la chapelle, menaçant de tout emporter. L'eau montait dans les bâtiments.
…
Il est impossible de décrire l'aspect du désastre. C'est une véritable catastrophe. Quand, à force de peine et de gymnastique, on arrive à se hisser au haut du Mauvoisin et de Vérolliez et que l'on contemple le lac jaune qui couvre la plaine, les rocs descendus, les arbres arrachés et couchés, et les eaux qui, mugissantes et terribles, continuent d'affluer avec un fracas de mort, on se sent le cœur serré d'une infinie tristesse. Pauvres vignes des Perrières, pauvres champs, pauvre plaine des Martyrs, absolument crevassée et détruite pour longtemps ! L'Orphelinat subit également de grosses pertes. Les vieux bâtiments sont pleins d'eau, les jardins sont détruits, et les sous-sols où se trouvent les cuisines, les réfectoires et les caves sont complètement submergés. »
(source médiathéque Valais)