Parmi les arbres emblématiques du Valais figure le mélèze, appelé "larze" en francoprovençal régional (prononcez lardze), du latin larix, terme emprunté au celtique des populations celtes des Alpes comme l'indique ia finale caractéristique en -ix. Ce nom désigne l'arbre-roi des Alpes, celui qui pousse le plus haut sur les montagnes et que l'on pouvait rencontrer autrefois jusqu'à 2400 m d'altitude, lorsque la forêt montait bien plus haut qu'aujourd'hui.
Cette essence montagnarde, que l'on rencontre également en Sibérie ainsi que surles plus hautes chaînes de montagnes de l'Eurasie (Himalaya, Pamir, Caucase, Altaï, Hindou-Kush, Cashemir), aime la lumière et pousse sur les versants ou les crêtes bien ensoleillées. Elle constitue, par endroits, dans les vallées latérales, des peuplements denses et presque exclusifs, mais dans les forêts, le mélèze est souvent mélangé à l'épicéa que les gens confondent souvent avec le véritable sapin.
En Valais, ce bois noble au cœur rouge sang, a toujours été apprécié et utilisé comme bois de construction étant donné sa forte teneur en poix (la "pèze", prononcez pèdze) qui le rend imputrescible et résistant aux insectes. La plupart des raccards, des greniers et des vieux mazots brunis par les siècles et le soleil, sont construits en mélèze. Certains, comme à Steinhaus (vallée de Conches) ou à Blatten (Lötschental) ont été construit il y a plus de 700 ans et sont toujours intacts. C'est le mélèze aussi que les Valaisans utilisaient pour la fabrication des ouvrages d'art et des installations vitales: demi troncs évidés servant de bassins de fontaine sur les alpages ou de lavoirs dans les villages, ponts sur les torrents, barrières délimitant les parcelles, passerelles suspendues des bisses vertigineusement accrochées dans les parois de rocher, etc. Et c'est encore lui qui servait, dans certaines vallées latérales, à confectionner les fameux "bardeaux" utilisés pour couvrir les toits, notamment dans la haute vallée du Trient, le Val d'Anniviers, le Val d'Entremont, le Val de Bagnes ou encore le Val Ferret.
Le mélèze est aussi le seul conifère européen qui perd ses aiguilles tous les ans durant l'hiver, dans un ballet de couleurs sublimes qui transforment les mélèzes en torches de flammes vieil or ou rouge doré. Au printemps, ses pousses vert tendre se parent de subtiles petites fleurs couleur lie-de-vin qui se transforment en cônes vert vif en été. À l’automne, ses aiguilles dorées contrastent magnifiquement avec le vert profond des pins et des épicéas. Ses racines profondes et puissantes lui permettent de s'agripper sur les rochers ou dans les parois et de mieux résister aux tempêtes que les sapins et les épicéas, notamment du fait de l'absence d'aiguilles en hiver qui allègent la structure de la couronne et diminuent ainsi la prise au vent. Cela lui confère également une meilleure résistance à la neige et aux avalanches… Bref, c'est l'arbre à tout faire par excellence, le roi des Alpes!