Imperceptiblement, la montagne se transforme. Sorbiers chargés de grappes rouges, haie de verges d’or en lisière de forêt, vernes qui se parent progressivement de tons roux et dorés, fougères en bouquets, hautes herbes… une végétation luxuriante idéale pour préserver l’intimité des animaux et les protéger contre tout type de prédateurs.
L’automne s’annonce. Brumes et brouillard s’associent pour envelopper d’un voile compact le refuge des cervidés. Des formes se devinent et s’agitent dans l’entrelacs des branches qui frémissent et se cassent. Brocards et daguets en bois de velours, hardes de biches accompagnées de leurs faons, groupes de cerfs traversant la pente herbeuse… Le calme règne encore dans cette alcôve où l’on se relaie pour brouter tranquillement l’herbe de la petite clairière. Un renard mulote, des passereaux s’envolent vers le Sud, geais des chênes, buses et faucons lancent leurs cris vers l’azur… Des ambiances harmonieuses, paisibles... Troubler cette quiétude serait sacrilège.
Drapé dans sa robe de boue, un daguet bien emplâtré sort d’une gouille où il a pris un bain. Discrets et prudents, certains mâles ont déjà frayé leur ramure. Les sens aux aguets, ils se déplacent de préférence à l’aube ou au crépuscule pour choisir les meilleures places de brame. Le brame n’a pas vraiment débuté ; craintives, les bêtes ne se hasardent pas longtemps à découvert. Une odeur suspecte ou le moindre changement dans leur environnement les incitent à se réduire dans les vernes. Allées et venues, timides coups de gueule, poursuite d’élégantes bichettes, formation de harem… le taux de testostérone commence à monter. Les mâles seront bientôt prêts pour entamer les festivités et assurer la pérennité de la race.