Endémiques ou invasives, les grenouilles vertes n’en finissent pas de nous surprendre. Deux espèces vivent dans le Chablais : les Esculenta et les Ridibunda.
Issues de l’hybridation de plusieurs espèces, les premières se complaisent dans les gouilles, les étangs ou les rivières où la végétation abonde. Elles ne quittent presque jamais la proximité de l’eau et se réchauffent au soleil sur les berges. Plus petites que les secondes, elles partagent les mêmes territoires. Mieux connues sous le nom de Rieuses, les Ridibunda invasives et exotiques, ont été introduites en Suisse au 20e siècle. Sachant que les grenouilles s’hybrident entre elles, leur identification s’avère difficile. Leur chant et certains critères morphologiques aident à les différencier. La plus grande des grenouilles européennes est incontestablement la Rieuse. La taille des femelles varie de 100 à 130 mm. Certaines atteignent même 170 mm. Plus petits, les mâles n’arrivent pas à concurrencer ces terreurs. Mastodontes au corps élancé, au museau pointu et aux tympans bien visibles, ce sont de redoutables prédateurs. Quelquefois entièrement verte, leur peau lisse présente souvent des nuances vert olive et brun verdâtre. Leur dos tacheté et parfois assez granuleux est traversé par une ligne médiane claire. Leur ventre blanchâtre est moucheté de noir ou de gris. Le rayonnement et la réflexion de la lumière jouent un rôle sur l’intensité des couleurs qui s’adaptent à un environnement où les batraciens se camouflent aisément.
Rapprochés et placés sur le dessus de la tête, leurs yeux globuleux à l’iris bronzé ou doré mêlé de noir, leur permettent d’avoir un champ visuel d’environ 360 degrés, un sérieux avantage pour gober moustiques ou libellules. De longues pattes arrière, musclées, palmées permettent aux Ridibunda d’échapper en un bond aux prédateurs et de capturer des proies. Cannibales, elles dévorent leurs têtards, les insectes, rats, grenouilles, reptiles, poissons et oiseaux. Moins voraces, les Esculenta optent pour des menus plus réduits.
La gorge enserrée entre des sacs vocaux gonflés à bloc, les mâles chantent pour attirer les femelles ou éloigner les rivaux. Servant de caisses de résonnance, ils constituent le critère d’identification le plus fiable pour les mâles qui, en période de reproduction, portent des callosités sombres sur les pouces. Esculenta, sacs clairs, presque blancs… Ridibunda, sacs bruns à gris foncé, presque noirs …. Chant continu et modulé pour les premiers choristes ; ricanements saccadés, moqueurs, agressifs pour les autres…. Un concert assourdissant, de jour comme de nuit…90 décibels…le bruit d’un marteau piqueur ! Des centaines de milliers d’œufs seront pondus lors de ces insupportables tintamarres. La plupart seront mangés.