Oiseau de malheur, compagnon des sorcières, dévoreur de cadavres, propagateur de peste, emblème des voleurs, le Grand Corbeau a toujours eu mauvaise réputation. Il était pourtant sacré et porteur de messages divins chez les Celtes. Sa silhouette entièrement noire est probablement à l’origine de ces croyances ancestrales.
Si on prend le temps de l’observer plus longuement, on ne peut qu’être surpris par le comportement du plus grand passereau d’Europe dont le poids avoisine 1600 gr et l’envergure 118 cm. A la fois maléfique et bienfaisant, ce corvidé au plumage brillant parcouru de reflets pourpres ou violacés dispose d’un bec épais et robuste pour dépecer ses proies, d’une gorge dont les plumes hérissées semblables à une barbe constituent un moyen de communication à longue distance entre les membres du groupe. Vol battu, agile et puissant, plané, loopings, parades acrobatiques, combats aériens… le Corvus Corax préfère la montagne à la plaine où il s’en donne à cœur joie en lançant ses bruyants croassements à la ronde.
« Posséder la sagesse du corbeau ». Cette expression irlandaise qui signifie avoir la connaissance suprême fait allusion à leur intelligence. Dotés d’un des plus gros cerveaux de toutes les espèces d’oiseaux, ils communiquent entre eux par des gestuelles et une trentaine de vocalises complexes. Cris d’alarme, de vol, de poursuites, d’exclamations … claquements de bec, sifflements d’ailes…Un partenaire dont la compagne est introuvable encourage son retour par des sons précis. Utilisé lors d’interactions sociales, leur vocabulaire rauque et caverneux permet notamment d’inviter toute la troupe à un repas collectif. S’ils ne parviennent pas à déchirer la peau trop dure d’une carcasse, ils appellent les renards ou les loups à la rescousse. Omnivores, opportunistes et charognards, ils se nourrissent au sol et stockent tout type de nourriture dans des caches fictives pour tromper leurs congénères. Grâce à leur excellente mémoire, ils retrouvent facilement leurs garde-manger. Les juvéniles adorent glisser sur les bancs de neige ou voler des balles de golf, comparables à des œufs, pour épater les copains à qui ils jouent souvent des tours. Ces corvidés sont capables d’imiter les bruits de leur environnement, y compris la voix humaine. Ils se montrent cependant très méfiants vis-à-vis des bipèdes.