Formes étranges figées dans un lac gelé… Univers rude, hostile….Imposant mur minéral d’où s’échappe un cône enneigé… Des pierriers partout… Des conditions extrêmes… Qui pourrait imaginer que ces biotopes battus par les vents abritent des tétraonidés en livrée immaculée ?
Reliques de l’époque glaciaire, les lagopèdes sont les seuls parmi les oiseaux à vivre continuellement au-dessus de la limite des forêts. D’un mimétisme stupéfiant, ils adaptent leur costume à chaque saison, stratégie efficace pour tromper la vigilance des renards, hermines, corvidés et rapaces. Lors de leurs 3 mues annuelles, leur homochromie avec le terrain est surprenante : au printemps et en été, un plumage roux et gris les rend presque invisibles entre roches et végétaux. L’hiver, leur métamorphose semble irréelle. Une vision d’éternité. Leurs boules blanches se fondent dans les décors. La perfection est atteinte grâce aux plumettes qui ornent leurs paupières.
Comment repérer ces perdrix des neiges, parées pour affronter des températures glaciales ? Un petit cri d’alerte…. Une colonie s’est installée autour d’un amas de pierres. Le bandeau noir qui prolonge les yeux des mâles est un critère de repérage. En fin de mue, certains adultes arborent encore quelques plumes grises et brunes avant de devenir d’un blanc éblouissant. Partis en quête de nourriture, ces oiseaux mythiques paraissent fins, élancés, se déplaçant facilement avec leurs bottillons emplumés et leurs pattes larges comme des raquettes. Au repos, ils gonflent leur plumage pour accumuler de la chaleur. Tandis qu’un mâle tient compagnie à une femelle, d’autres s’activent, creusant à toute allure une cuvette dans la neige pour s’y coucher à l’abri du vent et du froid mordant. Généreuse, la nature leur fournit l’équipement nécessaire pour survivre hors du temps, dans ce monde d’une grande sauvagerie.