Noël approche ! Les vacances aussi. Si les flocons se décident enfin à blanchir nos montagnes, ce sera la ruée sur les pistes. Les randonneurs chausseront leurs raquettes pour de plaisantes virées vivifiantes. Que de bons moments partagés en famille ou entre sportifs aguerris ! Ces derniers ne soupçonnent probablement pas les multiples dérangements imposés à la faune par ces plaisirs hivernaux.
L’aménagement des stations avec tout ce que cela comporte à savoir routes d’accès, téléphériques, lourds engins d’entretien et canons à neige constitue de sérieuses menaces pour la conservation d’écosystèmes fragiles. Une nourriture limitée, un froid extrême, des éléments déchaînés… Les animaux adoptent, chacun, une stratégie qui leur est propre pour survivre. Certains choisissent d’hiberner ou de migrer. Les lagopèdes alpins trop confiants dans leur mimétisme, restent immobiles dans leur abri, face au danger. Sous l’action du stress, même sans fuite, le pouls de ces oiseaux diminue rapidement, le cœur s’arrêtant parfois de battre. L’envol déclenche d’intenses palpitations tout aussi néfastes pour leur santé. Des études scientifiques ont démontré que l’intrusion de skieurs sur leur territoire leur cause un choc énorme et influence leur taux de reproduction.
Pour les chamois dont le rut se déroule en novembre/décembre, la situation est délicate. La distance de fuite variant entre moins de 100 m et bien plus de 300 m, ils perçoivent les skieurs et les snowboarders comme une grave menace. Effrayés, ils multiplient leurs efforts pour avancer dans une neige profonde, en terrain escarpé. Fuir dans une pente recouverte de 50 cm de poudreuse requiert 60 fois plus d'énergie que des déplacements normaux. Pour les bouquetins, la saison des amours se situe en décembre/janvier. Peu farouches, ils privilégient les pentes rocheuses, vertigineuses et ensoleillées. Surpris au repos par un sportif qui déboule à toute vitesse, l’animal l’assimile à un danger imminent. Il devra puiser intensément dans ses réserves pour se mettre en sécurité.
La petite chouette chevêchette n’a pas froid aux yeux et ne craint pas l’hiver. Elle se réfugie dans une loge où elle a stocké ses provisions ; quand il n’y a personne à l’horizon, elle se hasarde au sol pour mieux repérer sa proie. Une vraie terreur qui ne recule devant rien sauf devant les musaraignes dont elle déteste l’odeur. Comme ce minuscule rapace qui ne semble pas dérangé par la présence humaine, les chocards à bec jaune, les niverolles et les accenteurs alpins se sont bien adaptés à toute cette animation. Opportunistes, ils picorent les miettes laissées aux abords des stations. Il faut cependant tenter de limiter au maximum l’impact des dérangements sur une faune soumise à rude épreuve et souvent privée de nourriture.