Un aspect ramassé, un museau court, arrondi et busqué, une pupille ovale, une peau verruqueuse…. Les grenouilles rousses, comme leur nom ne l’indique pas, regroupent, en un festival de couleurs, des spécimens jaunes, roses, rouges, bruns et verts souvent tachetés de noir en montagne.
Aux premiers signes d’un dégel partiel des gouilles, les amphibiens quittent en chantant le refuge qui les a protégés de la froidure hivernale. En rangs serrés ou dans le désordre le plus complet, ils s’extirpent des feuilles et de la vase pour rejoindre leurs lieux de ponte habituels. En plaine, leur périple s’avère dangereux, des routes à grande circulation morcelant leur territoire. Ceux qui ont élu domicile en altitude profitent des ruisseaux pour se laisser porter et parcourir ainsi des distances variant d’un à deux kilomètres.
Mares, tourbières, lacs, bassins, fossés, prairies humides, qu’importe ! Durant plusieurs jours, c’est la fiesta ! Les mâles s’éclatent en s’adonnant à une reproduction dite explosive. Sauts, bagarres, copulation en couple ou partouzes s’accompagnent de ronronnements soutenus. A l’issue d’intenses combats, les prétendants les plus fougueux saisissent les femelles sous les aisselles et les serrent si fort que leurs pouces se rejoignent parfois sur leur poitrine. Cherchant un appui sur des roseaux ou des algues, ces dernières y pondent leurs œufs par centaines, par milliers. Un peu de repos et hop ! Les festivités recommencent, les pontes étant immédiatement fécondées par un jet de liquide du mâle. Il arrive régulièrement que plusieurs amoureux s’approprient sans aucun ménagement la même femelle. Au fond de la mare ou flottant à la surface, chaque masse gélatineuse compte environ 3.000 œufs. Si beaucoup n’arriveront pas à maturité, elles feront le bonheur d’autres espèces.