Blanche comme neige en hiver, l’hermine entame sa mue printanière vers la mi-mars, troquant son pelage immaculé contre une tenue brun foncé, blanchâtre sur le ventre pour mieux se camoufler dans la végétation.
Ce bolide de 300 gr à l’odorat et à l’ouïe très développés , extraordinairement souple et agile, est le plus petit des prédateurs d’Europe. Sa morphologie lui permet de se faufiler dans les galeries les plus étroites à la recherche des campagnols terrestres, ces petits rongeurs dodus qui trottinent dans le dédale complexe de leur habitat souterrain. Dans un pré hérissé de monticules de terre, la redoutable carnassière court, bondit, se cache dans un terrier, réapparaît derrière un tas de cailloux, sort d’un trou, se fond dans les décors de saison. La repérer n’est pas une mince affaire d’autant que la coquine se déplace à la vitesse de l’éclair. Très discrète, elle progresse rarement à découvert pour semer la terreur parmi ses proies qui la redoutent comme la peste. Pour garder sa forme et compenser l’énergie qu’elle dépense lors de ses courses folles, elle a besoin de manger quotidiennement 70 à 230 gr de nourriture, composée à 99% de campagnols terrestres, de campagnols des champs et de mulots. Quand elle pointe son museau entre les hautes herbes, c’est la panique générale. Son régime alimentaire étant lié au nombre de proies, ses effectifs sont adaptés aux populations de rongeurs, les maintenant ainsi à un niveau toujours assez bas.
Soumises à la pression galopante de l’urbanisation, les hermines commencent à se faire rares dans certaines régions de Suisse et du Valais. L’agriculture pratiquée sur des enrochements naturels, des prairies permanentes et des zones en jachère sont également néfastes à leur installation. Ces gracieux mustélidés se sentent à l’aise dans des zones riches en cachettes où ils peuvent se réfugier pour se reposer, échapper à leurs nombreux prédateurs et élever leurs jeunes à l’abri de la pluie et du froid. Des tas de branches, des pierres, une bande de pré non fauchée, un ruisseau, une haie, un fossé, des structures bien connectées entre elles, des axes de migration constituent un habitat idéal. Qualifiés d’animaux parapluies, leur protection entraînant celle d’autres espèces, leur présence ou leur disparition reflète l’état de santé de la biodiversité. En remplissant leur rôle de chasseuses de campagnols, elles deviennent de précieuses alliées pour les agriculteurs prêts à aménager leurs champs afin de satisfaire les exigences de leurs collaboratrices.