Environ 200 espèces de papillons diurnes sont répertoriées en Suisse dont 156 en Valais. Ces infatigables voltigeurs sont souvent difficiles à observer étant donné la frénésie avec laquelle ils se déplacent pour butiner de fleur en fleur. Peut-être avez-vous déjà croisé l’aurore, une petite merveille !
Les mâles font un clin d’œil au soleil en arborant deux belles taches orange vif sur la pointe de leurs ailes antérieures. Au repos, ces insectes les relèvent, montrant de jolis motifs marbrés verts et noirs. Des pattes et des antennes blanches, des yeux verts, un duvet hirsute velouté… ces Don Juan font craquer les femelles aux ailes antérieures blanches foncées à leur bout et marquées d’un point. Les prairies humides parsemées de cardamines des prés les attirent. C’est sur ces plantes qu’elles déposent leurs œufs après l’accouplement, permettant ainsi à leurs chenilles de se régaler de leurs feuilles préférées.
Comment se déroulent les parades chez les lépidoptères ? Grâce à de puissantes phéromones et à des antennes très sensibles, mâles et femelles peuvent se connecter à plusieurs kilomètres. Dès qu’ils se rapprochent, la parade nuptiale débute. Danses de séduction, interminables poursuites, rivalité entre prétendants qui libèrent chacun leur propre parfum pour séduire leur dulcinée. Patience, persévérance….C’est Madame qui décide. Si elle n’est pas prête ou si elle a déjà été fécondée, elle rejette le mâle en relevant son abdomen presqu’à 90°. Si elle est consentante, elle participe à des danses virevoltantes. Les partenaires se placent ensuite côte à côte afin que leurs abdomens se touchent, puis dos à dos afin de transmettre le liquide séminal à la femelle. Quelques minutes, une demi-heure jusqu’à trois heures sur une feuille… L’accouplement peut durer longtemps, le couple soudé, étant capable de s’envoler vers un coin tranquille s’il est dérangé. Après la fécondation, les femelles qui peuvent s’accoupler avec plusieurs mâles, déposent délicatement leurs œufs sur la plante hôte exception faite des demi-deuils qui pondent en vol. Leurs chenilles se débrouillent pour trouver des plantes adéquates, généralement des graminées dont elles se nourrissent.
Parmi les multiples frous-frous d’ailes, l’azuré des orpins mérite de retenir notre attention. Un peu plus répandu au Tessin, il se raréfie en Valais. Sa taille ne dépasse pas 25/30 mm, le mâle étant un peu plus petit que Madame. Il volette sur les pentes rocheuses, très chaudes et sèches exposées au Sud, au pied des falaises et dans les sous-bois rocailleux colonisés par diverses espèces d’orpins, ses plantes hôtes. La face brune supérieure des ailes, saupoudrée d’écailles bleu violet et une frange entrecoupée de noir facilitent son identification d’autant plus que la face intérieure blanche tachetée de points noirs et une bande orange sur les postérieures le rend éclatant de beauté.
Tout de blanc vêtu et finement nervuré de noir, le gazé (Aporia crataegi) est potentiellement menacé en Suisse, les haies d’aubépine et les prunelliers indispensables à la croissance des chenilles ayant tendance à disparaître. Une envergure atteignant 65 mm, des ailes qui deviennent parfois translucides avec l’âge le rendent uniques. Ses œufs jaune vif donnent naissance à des chenilles qui privilégient les aubépines. Sans jamais s'éloigner du coin où elle a pondu, la femelle opte pour des prairies abondamment fleuries.