Un ciel intensément bleu, un soupçon de neige sur les sommets, des pentes qui s’embrasent chaque jour un peu plus … L’automne s’empare à petits pas de la montagne, la transformant en un sanctuaire resplendissant de beauté.
Vite ! Il faut bondir entre les pierriers, choisir le meilleur endroit pour assister à l’éblouissante métamorphose de la nature. Installés aux premières loges d’un théâtre naturel, le museau émergeant d’un rai de lumière, une chèvre et son jeune ne perdent pas une miette de ce fabuleux spectacle. Des chamois regagnent les sous-bois paisibles, se fondent dans des paysages de rêve pour se reposer et profiter des dernières chaleurs en toute quiétude. Des bouquetins mâchonnent tranquillement des brindilles tandis que les mélèzes revêtent leur habit constellé de paillettes dorées. Filtrant la lumière, leurs rameaux tout en finesse composent des décors somptueux : voûtes étincelantes, alcôves caramélisées, oasis cuivrées contrastent avec les épicéas à la ramure plus sombre.
L’enchantement se poursuit dans un festival de chaleureuses couleurs et de parfums subtils. Les myrtilliers s’incrustent entre les roches et les souches, les encerclent, ondulent en vagues flamboyantes, se mêlent aux touffes encore verdoyantes pour former un tapis d’une indicible splendeur. Pureté, grandeur, majesté d’une nature encore vierge, ombres mouvantes… Le soleil décline à l’horizon, les éclairages s’adoucissent, la montagne se fait silencieuse pour offrir la plus tendre des protections à un chamois et à son cabri. Après avoir utilisé de main de maître son extraordinaire palette, la nature se mettra en veilleuse en attendant l’arrivée du géant blanc.