Perché sur une branche, ailes largement ouvertes, le grand cormoran revient d’une partie de pêche. D’une envergure variant entre 1m30 et 1m50, il se goinfre de jeunes et délicieuses perches, élues poissons en cette année 2019. Gardons, carpes, truites, saumons, crustacés et même amphibiens font aussi l’affaire.
Consommant entre 400 et 700 grammes de nourriture par jour, il plonge régulièrement pour satisfaire son appétit. De courtes pattes palmées, un bec fin et puissant muni d’un crochet, un cou très souple en font un habile pêcheur. Ne possédant pas, comme les autres palmipèdes, de glandes destinées à imperméabiliser son plumage, l’eau s’y engouffre, l’alourdit et lui permet de manœuvrer plus aisément pour attraper ses proies. Le petit malin avale parfois des cailloux pour prendre du poids et augmenter ses performances. Il les régurgite après s’être nourri. Sa technique de pêche a de quoi surprendre. Privilégiant les gouilles peu profondes, il nage sous l’eau, se servant uniquement de ses pattes pour se propulser à la poursuite des poissons. Dès que l’un d’eux est capturé, il le remonte à la surface, le secoue pour l’étourdir avant de le lancer en l’air et de l’avaler dans le bon sens. En procédant de cette manière, il évite d’être blessé par des nageoires susceptibles de se déployer dans son gésier. Lacs et marais procurent aux colonies de corbeaux de mer un garde-manger bien rempli, la faune lacustre étant abondante. Durant de longues heures, l’oiseau à la belle livrée noire écaillée se fait sécher, ailes et queue en étendard. Cette attitude assez spéciale pourrait jouer un rôle social et influencer sa digestion. Lorsqu’il procède à sa toilette, il nous laisse largement le temps d’observer les reflets vert-bronze ou bleus qui glissent sur ses plumes, les commissures rouge orangé ou jaunes de son bec, ses yeux vert émeraude équipés de cristallins déformables s’adaptant à la vision sous l’eau.
Généralement silencieux, il accueille l’arrivée de ses congénères par des cris gutturaux. Adultes et juvéniles au ventre clair se regroupent dans des dortoirs, au cœur d’écosystèmes où ils se sentent bien, près des fleuves et des rivières ou autour d’exploitations piscicoles. Les arbres qu’ils choisissent pour s’installer et nidifier sont fragilisés, les feuilles étant brûlées par la quantité impressionnante de fientes qu’ils larguent du haut de leur perchoir.