Une anfractuosité dans les pierriers à plus de 1000 mètres d’altitude… Un museau allongé garni de longues vibrisses, des yeux pétillants d’agressivité, une coiffure à la dernière mode… L’hermine scrute les environs avant de s’aventurer sur son terrain de chasse.
Zigzaguer dans les prairies, bondir dans les champs pour trouver des campagnols, poursuivre un rat d’eau dans les marais… C’est un sport dont elle raffole. Comment ne pas être émerveillé par sa souplesse, sa légèreté, une morphologie adaptée à la course et à l’intrusion dans de sombres galeries boueuses et humides en cette saison ? En chandelle, à l’affût, immobile ou en pleine activité, cette beauté tout de blanc vêtue cache un féroce carnassier aux dents acérées. Queue comprise, elle dépasse rarement 35 cm et pèse environ 350 grammes. Curieux, rapide et très vif, le petit monstre se déplace en sautant, empruntant souvent les mêmes trajets. Sa connaissance du terrain et son excellente mémoire lui permettent de situer avec précision les endroits où les rongeurs abondent. Elle privilégie les alpages ou les lisières des forêts. Les grands arbres ne la rebutent pas. Excellente grimpeuse, elle se faufile entre les branches pour redescendre tête en bas car elle ne dédaigne pas, à l’occasion, de mettre un oiseau au menu du jour. Saisi à la gorge, le pauvre meurt instantanément. Un coup de puissantes canines lui brise le crâne. Quant aux rongeurs, mordus à la nuque, ils trépassent rapidement tandis que les lapins, lièvres ou lagopèdes qu’elle attrape meurent le plus souvent d’un arrêt cardiaque.
Quand la neige consent à revêtir la montagne d’un manteau blanc, l’insaisissable mustélidé, invisible dans sa tenue hivernale immaculée, repère sa proie et se lance à ses trousses. En s’enfilant à sa suite dans une galerie, elle ne lui laisse aucune chance. Se glisser dans des couloirs étroits entraîne une sérieuse dépense d’énergie. Il faut récupérer ! Au fond de son antre, enroulée sur elle-même, la tête enfouie dans sa queue, elle conserve au maximum sa propre chaleur et s’économise. Si la chasse a été fructueuse, elle ramène des provisions dans sa maison, ce qui lui évite de sortir lorsque la météo s’affole.
En montagne, la mue débute en mars ; l’hermine adopte alors une robe brun foncé et un ventre jaunâtre, son nez et le pinceau terminal de sa queue gardant leur couleur noire en tous temps. Durant la saison des amours qui commence en avril, le mâle abordera une femelle réceptive avec prudence car elle ne perd rien de sa férocité.