Le mécanisme de mouture est reconstruit sur base de vestiges retrouvés sur place, d’un relevé de l’état des lieux datant de 1976 et sur les témoignages d’anciens du village. Les fonds nécessaires sont obtenus grâce à l’intervention des fonds du patrimoine et par une initiative surprenante : celui qui le désire peut acheter une dent virtuelle de la roue du moulin.
En 1994, le moulin broie à nouveau du grain de seigle. Les initiateurs du projet souhaitent retracer le cycle du grain au pain au travers d’expériences inédites tout en transmettant, aux enfants, les traditions ancestrales. Ils apprennent ainsi que, fin septembre, le semis s’effectue à la volée, plus dense qu’au semoir. Pour enfoncer les graines dans le sol en lieu et place de la herse, on attelle à un âne ou à un cheval brabançon des branches de sapin sur lesquelles se tient un enfant. Cette ancienne technique amuse et incite les jeunes à s’investir dans la culture du seigle, peu exigeante, résistante au gel et couvrant bien la terre. La récolte se fait à la main ou à la faucille, quand le blé est encore un peu vert, évitant ainsi les pertes car les grains se détachent facilement. Les épis sont attachés en gerbes que l’on dispose en tas (toblet, en patois) et qu’on laisse sécher dans les champs. Après le battage et le vannage, on récupère la paille pour les vaches.
Situé dans un couloir, le moulin fonctionne grâce à une déviation des eaux du torrent amenées par le bisse. La roue tourne, entraînant les transmissions de forces et les meules. Versé dans la trémie, le grain est écrasé selon un système perfectionné qui règle sa finesse et arrête le tout à la fin du travail. Chaque tour de meule est signalé par une petite sonnette. La cuisson du pain se fait dans l’ancien four de La Fontaine à Fully ou à Vollèges. Cette renaissance contribue à soutenir la réintroduction de la culture du seigle dans la région.
Sources : Interview de Claudia Degen - Informations complémentaires : Nicolas Taramarcaz